CABINET Mohamed BRAHIMI , Avocat Bienvenue sur le site de Maitre Mohamed BRAHIMI, Avocat. Vous y trouverez un blog dédié à la pratique judiciaire et à la vulgarisation du droit

Les  nouvelles  modalités  d'exercice de  l'activité d'information en ligne

mohamed brahimi Par Le 18/12/2020

Photo studio 1 

  

la loi organique  n°  2012-05 du 12 janvier 2012 relative à l'information  disposait dans son article  66 alinéa 1 le  principe de la liberté  d'exercice de l'activité d'information en ligne en ces termes : "  L'exercice de l'activité  d'information en ligne est libre" .Cette  disposition posait donc la règle générale  de la libre création d'un organe de presse  en ligne , mais l'alinéa 2 de cette même disposition soumet cette activité  à un enregistrement et à un contrôle de véracité ainsi qu'au dépôt d'une déclaration préalable par le directeur responsable de  cet organe. L'alinéa  3  de  cette loi a renvoyé  l'application de son  article  66 à la promulgation d'une texte réglementaire. En l'absence de ce texte réglementaire  la loi du 12 janvier 2012 ne pouvait être appliquée. Pratiquement 8  ans  après la publication de  cette loi , le pouvoir exécutif décide de  promulguer ce texte réglementaire .Il s'agit du décret exécutif n° 20-332 du  22 novembre 2020 fixant les modalités d’exercice de l’activité d’information en ligne et la diffusion de mise au point ou rectification sur le site électronique  qui a été publié au journal  officiel  numéro 70 du  25  novembre  2020.

 

Ce  décret exécutif est t-il conforme à  l'esprit de  la loi du  12 janvier 2012 loi du  12  janvier  2012 qui pose le principe de la liberté  d'exercice de l'activité d'information en ligne elle-même inspirée d'une disposition constitutionnelle en l'occurrence l'article 50 de la Constitution qui garanti a liberté de la presse écrite, audiovisuelle et sur les réseaux d'information?

Le  décret exécutif  du  22 novembre 2020 définit  l'activité  d'information  comme étant d'une part tout  service de communication écrite en ligne c'est-à-dire la  presse  électronique ,et d'autre part tout service de communication audiovisuelle en ligne (Web TV et Web Radio).D'emblée il  est évident que  ce décret  ne  prêche pas par  une  ouverture  du  champ  médiatique  du  moment  qu'il  contredit  le principe de la liberté  d'exercice de l'activité  d'information en ligne   et ce  par le seul  fait  qu'il  instaure  le système  de  l'enregistrement  et du contrôle à  priori  au  lieu  et  place  du  système  de  la déclaration  et  du  contrôle à posteriori. Il n'est pas excessif de dire que dans ces conditions créer  un service  d'information  en ligne sera un parcours du  combattant.

La  personne  ou  l'entité  qui veut  créer  un  site d'information  en  ligne  qui doit être de  nationalité algérienne  et détenteur d’un diplôme universitaire et   avoir une expérience de trois  années dans le domaine de l’information , doit d'abord  déposer  auprès de l’autorité chargée de la presse électronique ou de l’autorité chargée du service audiovisuel en ligne une déclaration préalable  accompagnée  d'un  volumineux dossier. Un récépissé  de  dépôt  qui  ne  vaut pas accord  pour  l'exercice  de  l'activité  est alors délivré à  l'interessé.Ce  n'est qu'après le contrôle  effectué par l'autorité compétente que  le certificat  d'enregistrement  qui est considéré comme un accord  pour  l'exercice  de  l'activité  d'information en ligne est  délivré.

En  somme ,  la création d'un organe d'information en ligne  est soumis à  autorisation et n'est  pas  libre du moment que le décret exécutif exige  un  certificat d'enregistrement délivré  par  uns  institution publique  à qui est confié  un pouvoir d'appréciation absolu  pour  accepter ou  refuser la délivrance de  ce  certificat. Il s'agit  donc  bel d'une décision administrative  et  d'ailleurs le décret  exécutif  lui-même prévoit des  voies  de  recours  contre  le refus  de  délivrance de  ce  certificat puisque  l'article 30  stipule  que  le  refus de délivrer un certificat d'enregistrement doit être motivé et notifié et que  cette décision est susceptible de recours devant l’autorité chargée de la presse électronique ou l’autorité chargée du service audiovisuel en ligne ce  qui  implique que  la décision définitive de  refus sera  susceptible de recours devant la juridiction compétente. Cette disposition pose  d'ailleurs  un  problème procédural puisque elle parle d'un recours devant l’autorité chargée de la presse électronique ou l’autorité chargée du service audiovisuel en ligne alors  que c'est cette  même  autorité qui décide de  l'octroi ou  non  du  certificat d'enregistrement alors qu'en principe un recours est  introduit devant  une  autorité supérieure à  celle qui a prononcé  la décision en cause sauf  à considérer qu'il s'agit d'un recours gracieux et  non pas d'un recours hiérarchique.

Il est bien entendu que l'exercice de l'activité d'information  en ligne doit être organisée et  encadrée par des textes législatifs  et  réglementaires pour éviter des abus ,mais le législateur et le pouvoir réglementaire devraient aussi favoriser le développement de  la société de l'information  tout  en  instaurant des règles de jeu claires  pour l'ensemble  les prestataires de service  de  l'internet tout en garantissant une protection efficace  pour  les utilisateurs , les tiers ,l'ordre et  la sécurité publics .  En parcourant  les articles du décret exécutif en question  on a  l'impression qu'on est devant un catalogue d'interdictions et  d'injonctions dont certaines complètement décalées  à l'instar de l'interdiction  de posséder  ou  de contrôler  plus d'un organe d'information ou d'être actionnaire dans plus d'un organe  d'information générale en ligne, de l'interdiction  de   publication de  l'organe d'information en ligne  en une autre langue autre que la langue  nationale  sauf  accord préalable de  l'autorité compétente  , de l'exigence d'exercer  l'activité d'information dans  un délai de six  mois à compter de la date de l’obtention du certificat d’enregistrement, ou  encore  de la  nécessité  du renouvellement de  toute  la procédure d'enregistrement  au cas  ou l'organe d'information en ligne a été suspendu pendant une durée de trente jours.

Le décret exécutif  impose d'autres exigences dont le non respect peut entrainer le refus  de   délivrance du certificat d'enregistrement  , la suspension de  l'organe de  presse ou même  le retrait du  certificat d'enregistremet.Ainsi l’hébergement du  site électronique  doit être  domicilié physiquement en Algérie avec une extension du nom de domaine « .dz » ,  l'entreprise détentrice de l’organe d’information en ligne est tenu de déclarer et de justifier l’origine des fonds constituant le capital social et ceux nécessaires à sa gestion. L'organe de presse en ligne peut bénéficier  d’une aide matérielle mais seulement de la part d'un organisme donateur lié  organiquement à cet  organe  mais en tout état de cause l'aide matérielle directe et indirecte de toute partie étrangère est interdite.En outre l’organe d’information en ligne est tenu d’employer à titre permanent au moins un journaliste professionnel .

Les modalités  de l'activité d'information en ligne étant désormais fixé  par le décret exécutif du  22 novembre 2020  , reste l'installation de  l’autorité chargée de la presse électronique ou de l’autorité chargée de service audiovisuel en ligne à qui est  confiée la charge de la délivrance des certificats d'enregistrement et du  contrôle du respect par l'organe d'information en ligne des disposition législatives et reglementaires.En l'absence de cette autorité il est évident qu'aucune  demande de création d'un organe d'information en ligne ne peut être déposée ce qui nous ramène à la situation d'avant la publication du décret exécutif. 

Maitre  Mohamed  BRAHIMI

Avocat  à la cour de Bouira

brahimimohamed54gmail.com